Rencontre avec les baleines à Husavik

Après une nuit à la Langavatn Guesthouse, où malgré la pluie, Rudy nous avait préparé de bonnes côtelettes d’agneau marinées au barbecue, nous avons pris la route en direction de Husavik pour continuer notre roadtrip islandais.

Husavik est une jolie petite ville avec son port de pêche et ses maisons typiques. D’après la légende, on dit que la première maison islandaise fut construite ici en 860 par le viking Gardar Svavarsson, un Suédois qui a subi une tempête alors qu’il naviguait de Suède aux Hébrides, un archipel du Royaume-Uni situé au sud de la mer d’Écosse. Il nomma l’endroit Husavik (hus signifiant maison, et vik désignant une baie).

Il ne vous faudra pas très longtemps pour faire le tour de cette ville dont l’élément principal est son église qu’on ne peut pas manquer face au port. C’est d’ailleurs là que nous avons laissé la voiture le temps de la matinée.

Car, comme beaucoup d’autres visiteurs, nous étions à Husavik pour une activité que nous attendions avec impatience : la sortie en mer pour observer les baleines. Husavik est l’un des points principaux du pays pour une telle expérience.

À noter que la chasse à la baleine est toujours d’actualité en Islande bien que celle-ci soit en déclin pour plusieurs raisons :

  • La baleine était autrefois un élément central de la vie des Islandais en raison de son apport en nourriture, mais aussi en huile utilisée pour les lampes, le savon, le parfum, les bougies, les cosmétiques, l’huile de cuisson, voire même dans la confection de corsets et de parapluies grâce à ses fanons. Les baleines étaient ainsi une ressource essentielle pour les habitants, fournissant une multitude de services.
  • Une réglementation de plus en plus stricte est imposée par le ministère.
  • Une prise de conscience que l’activité touristique rapporte davantage que la chasse à la baleine à présent. L’observation génère un chiffre d’affaires conséquent permettant de reconvertir d’anciens baleiniers et pêcheurs dans un secteur en plein développement.

Husavik est d’ailleurs l’un des premiers ports à avoir arrêté le massacre des baleines, ce qui lui vaut aujourd’hui la réputation de « capitale européenne » de l’observation de baleines.

C’est avec la compagnie Gentle Giants Whale Watching que nous avons pris la mer. Comptez environ 80 euros par tête pour la sortie de trois heures en bateau de pêche. Cela peut paraître cher, mais croyez-moi, dès que vous verrez des cétacés, vous vous direz : « c’était cher, mais ça en valait le coup ! » C’est un spectacle unique.

Si vous le souhaitez, il est également possible de choisir une excursion en zodiac qui permet de s’approcher plus facilement et rapidement des animaux, mais pour un prix beaucoup plus élevé.

Pour la petite anecdote, les directeurs de Gentle Giants sont nés et ont grandi près de la baie de Skjálfandi, qui abrite les baleines pendant l’été, et possèdent donc une vaste expérience dans le domaine.

La météo n’était pas idéale ce jour-là, les nuages étaient relativement bas mais aucune pluie à l’horizon. Nous voilà donc sur le pont, à enfiler les combinaisons et vestes supplémentaires avant de monter à bord. Clairement, il n’aurait pas fallu partir sans, tellement il faisait froid en mer. Pour dire, en dessous de mon jeans, j’avais un legging et plusieurs couches à manches longues pour le haut.

Pour commencer, cap vers le centre de la baie de Skjálfandi. Alors que l’ensemble des passagers étaient à présent à bord, nous avons quitté le charmant port d’Husavik. Sans surprise, les gens s’étaient un peu agglutinés sur le devant du bateau, espérant voir des cétacés à peine partis en mer. Cependant, c’est quasi une heure qu’il nous aura fallu pour rejoindre le point d’observation.

Lassés d’attendre debout, certains passagers se sont assis pour patienter, pour d’autres, ça a été direction l’arrière du bateau pour rendre leur petit déjeuner. C’est vrai que la mer n’était pas des plus calmes, ce qui n’est pas facile à gérer en cas d’estomac fragile.

Mais tout cela fut une aubaine pour nous. En effet, nous qui étions à la base au niveau de la poupe du bateau, nous avons petit à petit avancé jusqu’à la proue du navire. Là, nous étions comme seuls au monde, tous les autres passagers étant assis.

Une des skippeuses nous a alors rejoint, et surprise, c’était une Française originaire du Pays basque. On ne pouvait pas rêver mieux ! Nous avons pu lui poser plein de questions sur son expérience ici, en Islande. Elle nous a aussi montré quelques vidéos de sorties réalisées en zodiac quelques semaines avant. Il faisait tellement froid, plus encore que lors de notre propre sortie, que l’eau projetée sur les boudins du zodiac gelait instantanément.

Après une bonne dizaine de minutes à échanger, elle nous a glissé tout bas : « Regardez là-bas, on aperçoit déjà des souffles de baleines au loin ». Sur le coup, elle n’a prévenu personne d’autre afin de nous laisser profiter seuls de ce moment unique sachant que dès le moindre signe de baleine, tous les passagers allaient rappliquer à l’avant du pont.

Elle n’avait pas tort, mais nous voilà avec Rudy toujours tout devant, à présent serrés presque comme des sardines, à observer deux baleines à bosse. Un frère et une sœur, comme nous l’apprendrons plus tard. On peut bien voir leur queue, leur tête et leur bosse, on devine leur corps sous l’eau grâce à la tache blanche qu’elles ont sur le ventre.

Les baleines à bosse pèsent 25 bonnes tonnes et peuvent atteindre jusqu’à 14 mètres de long. Quand celles-ci plongent, on peut alors apercevoir leur queue, et un « waaaaaah » envahit automatiquement le bateau.

D’ailleurs, la baleine à bosse est identifiable grâce à la pigmentation de la face ventrale de sa queue. Cela équivaut à nos empreintes digitales à nous, humains.

Malgré le froid, tout le monde est au taquet, comme si le premier à repérer une baleine allait gagner un prix ! Au fur et à mesure, les deux baleines s’approchent très, très près du bateau, c’est impressionnant. Et puis l’instant est tellement pur. Des baleines, dans la baie de Skjálfandi, les fjords en fond, vraiment, une carte postale.

Même si nous voudrions rester des heures et des heures (c’est fou qu’une fois en face des baleines, le temps passe à une vitesse folle !), il était temps de rentrer. Cela fait une heure déjà qu’on est là à les regarder et c’est vrai que notre estomac commence aussi à nous faire remarquer que la mer n’est pas des plus calmes.

Nous voilà donc repartis en direction du port. Une heure de navigation durant laquelle nous aurons pu voir notre premier puffin, plus connu sous le nom de macareux en français.

Notre excursion avec Gentle Giant a été exceptionnelle malgré les conditions froides. Dans un secteur en plein essor, choisissez une compagnie d’observation de baleines éthique, privilégiant des bateaux de taille moyenne, un respect absolu des animaux et de l’environnement. Les bateaux maintiennent une distance de plus de 50 mètres, réduisent leur vitesse à 8 km/h maximum, évitant ainsi tout stress pour les cétacés qui, après tout, sont libres ou non de se rapprocher.

Pendant la saison des mammifères, la plupart des compagnies affichent des taux d’observation réussie dépassant 95% (98% avec Gentle Giants). Certaines, comme Gentle Giant, proposent même un nouveau billet ou un remboursement en cas d’échec. Dommage pour ceux restés au fond du bateau à cause de leur estomac fragile, qui n’auront pas profité du spectacle lors de notre sortie.

À savoir, les baleines migratrices reviennent dans les fjords islandais généralement d’avril à octobre. La présence de courants froids au nord et chauds au sud fait que les eaux islandaises sont très poissonneuses, un véritable garde-manger pour les baleines.

Après cette expérience fascinante, nous sommes allés nous réchauffer au café Hérna avec un délicieux chocolat chaud en échangeant avec d’autres voyageurs français rencontrés lors de l’excursion. Cette aventure unique ne fait que renforcer notre désir de revoir des baleines dès que possible !

Et vous, en avez vous déjà vu ? Peut être avez vous eu la chance d’observer une autre espèce d’animaux ? On adorerai aussi faire un safari dans les années à venir … Voir ces animaux dans leur habitat naturel sans l’impacter, il n’y a rien de plus beau.

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